Je ne sais pas si vous avez déjà eu cette impression une fois dans votre vie, mais moi, la dernière fois, je l’ai eu et ça m’a semblé tellement bizarre.

Cette impression là, c’est celle que les gens n’osent pas dire « NON CA VA PAS », « NON JE VAIS MAL », « NON JE VAIS PAS BIEN » « ET OUI J’EN AI RAS LE BOL »

A croire que les gens n’osent pas le dire parce qu’ils ont peur de ce que l’on pense de leur vie, qu’ils ont une vie de merde, bien imparfaite, peur d’afficher qu’ils ont des peurs, des doutes, des peines (comme TOUT LE MONDE) sous prétexte qu’il ne faille montrer que les choses positives de sa vie. Parce qu’avec les réseaux sociaux, et Instagram, afficher des photos parfaites, dans des endroits parfaits et j’en passe, on a l’impression qu’il ne faille montrer que ça finalement.

Et pourtant !

Tu connais cette période, tout le monde la connaît. C’est une évidence. 

Oui, parfois, nous en avons ras le bol et c’est légitime.

Répondre « oui ça va » automatiquement lorsque l’on te le demande…

J’ai remarqué souvent que lorsque je posais la question (existentielle) du « comment tu vas? » je savais apercevoir à l’avance la réponse, mais parfois, la personne en face de moi ne m’a jamais avoué (ou très peu) qu’elle allait mal.

Je crois que c’est un peu lié à cette foutue pression sociale, dont je parle souvent ici d’ailleurs.

Pourquoi?

Parce que nous vivons dans une société où le bonheur doit primer sur tout. De telle sorte que lorsqu’une personne nous voit un peu triste, et que l’on assume cette tristesse, elle nous répond globalement toujours « oh, mais ne sois pas triste, ça ne sert à rien »

C’est une réponse que j’ai entendu des milliers de fois…

De telle sorte que je me suis demandé .

A-t-on le droit d’être triste?

 

La réponse est : OUI, nous y avons le droit, et en plus c’est impossible de ne pas être triste.

Que l’on soit un enfant, un adolescent, un adulte, nous ressentons, nous avons des émotions et y sommes confrontés parfois violemment en fonction des expériences de la vie (rupture, mort d’un être cher, perte d’un travail…) alors comment voudriez vous ne pas être triste?

A quel moment serait-il interdit d’être triste?

Qui peut décider pour toi de l’émotion que tu dois ressentir?

Sommes nous des êtres parfaits? NON

Alors oui, tu vas me dire « c’est pas étant pessimiste et en te plaignant de tes petits problèmes que ça va arranger la situation ».

On est bien d’accord, mais, et alors?

Nier, refouler, éviter la tristesse en pensant mieux la contrôler

 

Devoir assumer sa tristesse, c’est accepter de montrer ses faiblesses.

Je crois que très peu de personnes ont envie de ça.

Moi la première.

Combien de fois ai-je prétendu aller bien, dans le meilleur des mondes, pluie de bonheur sur ma vie, de joie, d’amour.

Alors que c’était tout l’inverse, et que je rêvais d’une chose, d’être enfouie dans mon lit (à tout jamais).

Mais j’ai continué pendant des mois à dire que tout allait bien. Je m’étais même persuadée moi même à la fin que j’allais bien.

Foutaise.

J’allais mal, j’étais triste, et je faisais semblant.

J’ai fais semblant jusqu’à ce que mon esprit, mon corps, n’en sois plus capable. Ni physiquement, ni psychologiquement.

« Bah quoi, c’est pas hyper motivant de faire la gueule,
à quoi ça t’avancerait d’être triste en continu,
lève toi et marche bon sang »

Accepter de dire non, ça va pas, se déculpabiliser de l’acte d’être triste
  • Virginie, comment vas tu?
  • Et bien figure toi, que ça ne va pas, que je suis triste, et que j’ai envie de le dire, de le hurler au monde entier, quitte à passer pour une râleuse

Voilà, je l’ai dis, ça va mieux, souffle un bon coup.

Mettre des mots sur des maux, n’y a-t-il pas que ça pour aller mieux? N’est ce pas ça la clé de la guérison?

Tant de questions, dont j’ai les réponses.

Evidemment, mettre des mots sur des maux ça fait avancer, progresser.

Et jamais personne ne devrait avoir le droit de te reprocher cela.

Et encore moins te reprocher d’avoir des sentiments.

On est pas des robots sans coeur, des marionnettes désarticulées qui doivent sourire et montrer la banane et faire semblant sous prétexte que « c’est mieux ».

J’ai appris à mettre des mots sur ces maux.

J’ai appris à parler des choses tristes auxquelles je pense parfois.

J’ai appris à me remémorer des mauvais souvenirs pour faire un point sur moi-même.

Et j’ai surtout appris à en avoir rien à faire que les gens croient que je faisais juste ça pour me plaindre alors que c’est tout simplement pour ne plus me mentir, mentir aux autres, et pour avancer, surtout.

Oui, la société vous pousse à croire que les gens qui sont tristes, qui l’assument et le revendiquent le font pour recevoir de votre part cette espèce de compassion désagréable et peu sincère, à la limite de la gênance. Non, si vous n’en avez rien à faire, nous ne vous demandons pas de culpabiliser, ni encore moins de vous mettre à notre place si vous n’y avez jamais été.

Mais acceptons enfin d’être triste et de le dire.

 

Le poids de la société

Je ne sais pas si ça vous fait la même résonance, mais je trouve que cette « interdiction » d’avouer notre tristesse est comme je le disais, de plus en plus présente avec les réseaux sociaux. Je vois très peu de gens dire « j’en ai ras le bol, je suis triste » pour autre chose que des futilités du genre « je n’ai pas assez de followers »

Ta vie doit être lisse. Tu dois manger comme tout le monde ton parfait smoothie bowl du matin, avec ta bonne dose de #healthyfood #bikinibody sous peine d’être catégorisée dans le #looser. Tu dois dire que tout va bien, partir en vacances tous les 10 jours, monter ta boite pour estimer qu’on te dise que tu as réussi dans la vie.

Pour le reste tais toi, ferme la, avance et marche.

Non, c’est sûr, la société ne nous aide pas à assumer que parfois, on en a ras le bol de tout, parce qu’il nous arrive des trucs graves, ou moins graves, et alors?

Alors bon sang, si on assumait que non, le monde des bisounours c’est que dans le dessin animé, et que des fois on rêverait de rester enfouie dans son canap à pleurer parce qu’on en a marre et qu’on est triste.

Que ça arrive.

Que l’assumer c’est aussi peut être ça la clef pour aller mieux.

Et que les réseaux sociaux aussi, ils sont bien mignons, mais ils ne montreront jamais au monde la personne que nous sommes vraiment.

Alors oui, acceptons d’être triste ! ♥

 

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