Quand on a des valeurs fortes et que l’on s’intéresse à l’écologie, à l’éthique, au veganisme (entre autres), et que l’on souhaite améliorer sa consommation globale, nous remettons forcément totalement en question les marques vers lesquelles on se tourne.

Avec le scandale du Rana Plaza, les scandales alimentaires #leslasagnesaucheval et bien plus encore (je vous épargne les dernières images d’un abattoir absolument insoutenables, je vous assure), nous sommes forcément obligés, si nous sommes soucieux de l’environnement, du bien être humain et animal, de nous interroger sur la notion de boycott. Si cela est utile, ou non, si cela sert la cause, ou non.

Je m’interroge moi même quotidiennement sur cette notion, dans ma démarche éthique, écologique, zéro déchet toussa toussa en me disant « est-ce vraiment servir la cause que de crier au scandale sur Herta qui lance des saucisses végétales ou sur H&M qui lance une collection Conscious? »

• Dois-je boycotter Herta alors que leurs saucisses végétales me donnent envie parce qu’Herta c’est avant tout le commerce du jambon #ontuequandmêmedesporcspourlamourdujambon les gars (et en plus le jambon c’est vraiment pas bon non?) ?

• Dois-je boycotter H&M parce qu’ils sont (avec bien d’autres marques) à l’origine de catastrophes humaines et écologiques du fait de leur production massive et toxique de vêtements, même s’il s’agit de consommer des vêtements de leur gamme Conscious?

Vu sous cet angle, tu répondrais directement : OUI OUI ET OUI. Mais j’ai envie de nuancer le propos.

Mais tout d’abord :

L’action de boycotter est celle qui revient à refuser d’acheter un produit. C’est une cessation volontaire de toute relation avec un individu, groupe d’individus, marque, Etat, en signe de représailles et de contestation.

Exemples: boycotter Nutella / boycotter plus généralement l’huile de palme.

Le but étant bien évidemment de faire réagir les marques visées, et plus largement les gouvernements.

Je pars du principe que les petites actions ont toute leur importance, cependant, moi dans mon coin, si je suis une personne sur 1000 à boycotter une ou plusieurs marques, l’impact sera moins fort que si je m’allie à 100 personnes qui boycottent avec moi ces mêmes marques.

Il est évident que pour que le fonctionnement du boycott se fasse et donc, que nos « appels » soient entendus, il faut que la mobilisation soit forte.

Mais, si moi je n’en parle pas, que je ne boycotte pas, que je ne diffuse pas le message, alors je resterais seule dans mon coin, à attendre que les choses bougent (en vain)

Et si j’en parle, partout, que je diffuse, et que l’action est diffusée, partagée, alors, le boycott devient plus global et là ça peut faire changer les choses. Le boycott part forcément d’une seule personne qui a été indignée par X ou Y événement, et qui va faire en sorte que le mouvement soit global.

Et, des exemples de boycott qui ont fonctionné, il y en a.

Je prends souvent l’exemple du groupe Danone que j’avais étudié en cours. En 2001, le groupe Danone a communiqué autour de son plan de restructuration de l’une des branches (biscuits) ce qui prévoyait la fermeture d’au moins 6 usines (et donc, une masse de licenciements c’est à dire presque 1800 dont 600 en France….). Les salariés ont donc lancé un appel au boycott qui a eu pour effet une baisse significative des ventes des produits du groupe Danone.

Alors, oui, ça fonctionne, mais à quel prix? pendant combien de temps? le mouvement semble se tasser après quelques mois, qui aujourd’hui qui boycottait Danone en 2001 lors du mouvement le boycotte encore aujourd’hui? Il serait bon de trouver les chiffres! …

Mais les grands groupes qui se mettent au « vert » ne pourraient-ils pas servir ces causes?

Je sais que cela fait débat, mais ma première réaction quand j’ai vu par exemple que Carrefour (et d’autres grands groupes) se sont mis à lancer une gamme végétale avec Carrefour Veggie ou que des marques de vêtements se sont mis à lancer des collections plus « green » comme H&M Conscious ou Bonobo et son jean vert et ses vêtements Instinct en fibres recyclées, j’ai d’abord été super ravie.

Pourquoi?

Parce qu’il est évident que la majorité des gens de cette société (capitaliste, rappelons le) consomment ces enseignes. Plus que des produits de petits producteurs ou des petites marques éthiques au pull à 100 balles.

Donc, si ces grands groupes s’y mettent, ne serait-ce pas servir la cause finalement?

Oui, parce que sur 20 personnes dans ma famille côté maternel, je suis LA SEULE à penser, vivre, respirer éthique. Alors, oui, ils vont tous dans ces grands groupes, et parfois, dans ces enseignes de mass market, ils tombent sur des collections / rayons éthiques, et ça les pousse à s’interroger. Alors, que si les grands groupes ne s’y étaient pas mis, jamais ma mère n’aurait pensé à acheter ces steaks végétaux, et ma tante n’aurait jamais pensé à s’interroger sur le coton et les marques de fringues qu’elle consomme.

Donc, le boycott, oui, mais à quel prix?

N’est ce pas finalement contrer la cause sans le vouloir ?

Acheter c’est voter, on le dit souvent. Quand vous décidez d’acheter de l’huile de palme (Nutella ou autre produit), vous votez, quand vous faites un plein d’essence, vous achetez du pétrole, et vous votez.

Le mal de ce monde, c’est que malheureusement, par faute de moyens financiers car le salaire moyen français ne nous permet pas de subvenir de manière décente à tous nos besoins, nous devons acheter le moins cher pour nourrir nos enfants. En fait, notre salaire paye les charges, le loyer ou le crédit, et une fois que l’on retire tout ça, il nous nous reste que le minimum. Et nous n’avons pas un sou pour le loisir. Evidemment.

Alors, oui, nous allons vers le plus facile, et le moins cher. Et nous avons conscience que le moins cher signifie aussi qualité médiocre. On avait moins conscience que cela signifiait aussi souffrance animale et destruction de la planète, même si aujourd’hui, on ne peut absolument plus dire que nous ne le savons pas, vu le nombre de reportages sur ces sujets qui sont diffusés, nous sommes tous au courant.

Alors, sans pour autant en aller jusqu’au boycott, nous pouvons devenir des consom’acteurs en décidant d’aller chez le producteur plutôt que chez Carrefour (vous achetez en direct, vous ne payez donc pas la marge à nos « amis » industriels et c’est tout dans la poche du producteur, alors, c’est tellement mieux non?), de trouver une alternative sans huile de palme à notre ami Nutella, et qui plus est moins cher, et je pourrais vous en faire une liste longue comme ma to do list du boulot (et c’est long!)

Alors, qu’en dites-vous?

Si vous n’êtes pas prêts à boycotter, vous pouvez toujours réfléchir à vos achats.

Avez-vous vraiment besoin de ce pull à 40 euros que vous savez est de mauvaise qualité, même s’il est à la mode?

Ne pouvez vous pas trouver une alternative? Brocante, sites de revente (Vinted, Vide Dressing etc), marché aux puces, troc.

Je ne peux pas dire NON entièrement, ni OUI entièrement.

Même si certaines marques que je consomme ne sont pas parfaites (j’ai actuellement un parfum offert par ma maman qui vient de chez Sephora qui n’est pas franchement écofriendly ni green pour un sous, et j’aurais pu dire à ma maman que je refusais son cadeau pour être entièrement en accord avec mes convictions), je refuse totalement de me rendre dans certaines boutiques et d’y acheter des produits, notamment pour les vêtements.

Je ne dirais pas que j’appellerais ça du boycott puisque j’ai dans mon armoire encore des vêtements issus de la fast fashion par exemple lorsque j’achète sur Vinted ou quand je vais chez Emmaüs, même si c’est du seconde main, les marques restent les marques affichées… mais évidemment, mieux vaut leur donner une autre vie que de les jeter on est bien d’accord !

Mais me rendre dans certaines boutiques comme H&M, Zara, Primark (d’ailleurs, je me demande comment j’ai pu m’y rendre par le passé tant les produits sont d’une qualité médiocre….) et leur donner de l’argent me semble compliqué voire impensable donc je n’y mets plus un pied. Avant, j’acceptais encore qu’on me fasse des cadeaux issus de ces boutiques, mais je fais vraiment en sorte que mes envies de Noël ou d’anniversaire soient non matérielles, ou éthiques. Des petits créateurs, des marques veganes, qui me ressemblent à 100% !

Simplement, j’ai conscience que tout le monde ne pourra pas « aligner » son porte monnaie à mes envies, donc j’ai déjà reçu pour Noël des produits issus de marques que je ne consomme plus. Mais je suis LOIN mais alors LOIN d’être radical et de jeter les cadeaux des gens à la tête de mes proches.

Dans tous les cas je pense qu’il faut ne jamais négliger une chose, pour tous les sujets, c’est qu’il faut être tolérant. Envers les autres, bien évidemment, et envers soi-même.

Tout le monde n’a pas encore compris que c’était important, tout le monde ne sait pas comment s’y prendre, tout le monde n’a pas envie de boycotter par pur choix et par pure conviction eux aussi tout comme nous nous souhaitons le faire. Et ils ont le droit. Tout le monde a le droit de décider si oui ou non il a envie de faire des efforts là dessus en toute conscience.

Et nous devons ne pas les juger et accepter que tout le monde n’ait pas les mêmes valeurs / envies / principes que nous, sans pour autant que nous les catégorisions comme étant de cruels petits monstres. NON NON ET NON !

Mais nous devons aussi être tolérants envers nous-mêmes, cela ne sert absolument à rien de s’auto-flageller parce qu’un jour nous sommes rentrés dans un Zara alors que nous avions dit que nous boycottions cette marque, et que nous y avons acheté quelque chose. CE N’EST PAS GRAVE !!!! (si si j’vous assure!) et nos efforts sont déjà importants, il faut penser à ceux-là et à ce que nous faisons au quotidien et qui est déjà très important !

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