J’ai beau faire attention à ce que je mange, limiter la viande, supprimer le lait de vache de ma vie, n’utiliser que (ou presque) des produits cosmétiques bio, ne plus acheter d’eau en bouteille, mettre une moon cup pour supprimer les serviettes et les tampons, et faire des efforts de ce type, j’ai, c’est clair, toujours eu tendance à oublier le côté mode. Si je pouvais sortir nue, et si cela était dans les moeurs etc, je suppose qu’on le ferait tous et toutes. Pour des questions économiques dans un premier temps, mais aussi pour une question environnementale. Parce que ouais, ma naïveté et moi, on a jamais pensé que la mode, c’était aussi un sujet sur lequel il fallait se pencher en matière d’écologie. Ah bon??? Bah ouais, moi aussi je fermais les yeux sur le sujet, peut être parce que j’avais peur de ce que j’allais découvrir. Bah j’avais bien fais, parce que la mode c’est pas joli, les dessous sont vraiment mais alors vraiment pas beaux à voir. Alors j’ai beau rentrer dans des boutiques Ekyog et m’intéresser aux boutiques qui utilisent pour certaines pièces du coton bio, ça ne faisait pas de moi quelqu’un de douée en la matière, capable de tenir une conversation plus de 5 minutes en développant le sujet. Alors, il était temps de travailler dessus. Et puisque ça semble en intéresser plus d’une, why not? Oui, parce qu’on est tous fast fashion non?

Souvenez vous

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Le Rana Plaza, immeuble de 8 étages et propriété d’un dirigeant local au Bangladesh. Ce lieu abritait des ateliers de confections (des marques comme Benetton, Mango ou le géant Primark disposaient d’atelier dans ce lieu) et on employait plus de 5000 salariés. Au départ, le bâtiment ce n’était pas autant d’étages, donc l’élargissement de la structure a été décidé pour améliorer la rapidité de la production, et ce, SANS PERMIS. Pourtant, les fissures visibles inquiétaient, mais c’est sans compter les directives de l’encadrement qui estimait qu’il fallait retourner au travail le lendemain car le lieu était sans risques. Ou pas. 1127 morts et milliers de blessés. Une émission de radio sur France Inter était très intéressante, si vous voulez la réécouter, vraiment, faites le.

On aurait pu penser que Rana Plaza fasse évoluer les choses, que les conditions s’améliorent, mais non, ce n’est pas le cas. Vous le verrez au fil de l’article, et je vous conseille de lire cet article qui le montre, lui aussi. Jusqu’ou sommes nous capables d’aller pour l’économie, et pour subvenir à ses besoins de capitalistes?

 Les dessous toxiques de la mode

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Après avoir fouiné du côté de Greenpeace aka la meilleure source d’info en terme de pollution/d’environnement/d’écologie, j’ai pu bien halluciner sur les dessous toxiques de la mode. Bah c’est sur, quand on rentre chez H&M, on est pas du genre à se poser des questions sur le sujet « oh regarde ce petit top comment il irait trop bien avec mon jean boyfriend » hop, dans le panier, direction la caisse. Hé hop, ça s’arrête là. Pour réaliser cette étude, Greenpeace s’est penchée sur 20 marques dont Zara, Levi’s et d’autres enseignes du fast fashion.

Sur 141 articles pour mener sa campagne détox, Greenpeace a pu observer que les produits venaient de 29 pays du monde, principalement en hémisphère sud (pour les vêtements identifiables) (évidemment, certains vêtements n’ont pu être identifiés, on peut donc déjà s’interroger sur la transparence). Dans 31 produits on peut trouver des plastisol, dans 89 des ethoxylates de nonylphénol (NPE), des phtalates et amines cancérogènes.

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NPE = ethoxylates de nonylphénol. Ces éléments ne sont pas naturels, ils sont crées par l’Homme. Ce sont des tensioactifs qui se dégradent en nonylphénol (NP)

NP = nonylphénol. Composé persistant qui est bio accumulante. Présent dans la chaine textile mais qui peut facilement se retrouver dans la chaîne alimentaire. Le problème c’est que dans bon nombre de pays, les restrictions sont quasi inexistantes.

Phtalates = plastifiants, qui permettent de rendre le plastique plus souple, facilement identifiable dans la chaîne alimentaire.

En clair? « La fast fashion est utilisée pour désigner le renouvellement, le plus rapide possible, des collections d’articles de la mode vestimentaire. Le fast fashion concerne le plus souvent des produits à prix peu élevés et qui ne sont pas destinés à être conservés d’une saison sur l’autre par l’acheteur. Le but est de traduire dans les meilleurs délais les tendances perçues de la mode à un instant t (ou mieux t-1), en proposant à la vente des produits représentatifs et accessibles, afin d’inciter au maximum au renouvellement de la garde-robe du client. Cela implique une réactivité maximale de la marque, une souplesse du processus de production et des flux logistiques tendus à l’extrême » (© Emarketing)

Les cycles de production deviennent de plus en plus courts. Est il possible d’atteindre l’objectif zéro rejet? Maintenir une feuille de route est régulièrement employé, mais bien grandes enseignes ne respectent pas cette directive Greenpeace. Les citoyens sont donc des complices involontaires, et des victimes potentielles : merci aux rejets toxiques.

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Préparation chimique > Ateliers de confection textile > Produits rejetés dans les eaux usées, une fois libérés, les NPE se dégradent en NP > Les industries textiles commercialisent des produits contenant des phtalates > Lorsque nous lavons nos vêtements en machine ou à la main, nous entrainons la propagation de résidus toxiques dans les eaux.

 To jean or not to jean?

Je suis tombée suite à mes recherches à une vidéo assez affreuse. Juste regardez, observez, réalisez. Vous en tirerez les conclusions.

Le jean est un pantalon polluant, si ce n’est le plus polluant. Avant d’attérir dans les enseignes Fast Fashion, il parcourt 65000 km. Et en dehors du voyage du meilleur ami de nos dressings, n’oublions pas l’utilisation massive d’eau et de pesticides, l’utilisation excessive d’énergie. Le denim est souvent traité avec des produits toxiques : pollution des sols, des eaux, et des poumons. Car qui dit fast fashion dit conditions déplorables des ouvriers, il ne faut pas NON PLUS oublier ce « détail »

Idéalement, il faudrait acheter un jean en coton bio, ni délavé, ni coloré. Le laver peu, à cycle court, et le sécher à l’air libre. En clair, le cycle de vie de nos vêtements, et l’impact écologique de notre armoire dépend aussi de nous, et de notre comportement. A nous de nous renseigner, de déchiffrer les étiquettes, et d’être méfiants. Car évidemment, avant de m’intéresser à ça moi aussi j’étais naïve hein.

 L’exemple du géant suédois : H&M

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Je suis tombée sur le spécial investigation sur Canal + sur le géant suédois H&M. C’est un groupe planétaire qui allie fashion et respect du petit porte monnaie (dit moyen) de l’Homme. Leur bénéfice en 2013 était de 1,92 milliards d’euros NET D’IMPOTS (oui, dans ce cas les majuscules sont importantes). Quand je suis tombée devant ce reportage, j’avais déjà peur de ce que j’allais apprendre. Car j’ai un petit porte monnaie, et que donc, je fréquente H&M. Le reportage met en avant les conditions désastreuses dans lesquelles sont obligés de travailler les salariés. Au Bangladesh, la journaliste a pu recueillir des informations d’ouvrières : le sous traitant d’H&M situé dans cette ville augmente d’années en années la surface de ces locaux : passant de 2 à 8 étages. Le problème : les fissures visibles, bouchées par de la peinture et du ciment, les terrains marécageux. En plus de ça, l’architecte responsable de cette usine est introuvable. Le nom figurant sur le dossier de construction mène vers quelqu’un d’autre. Pas de transparence, manipulation.

Le plus choquant, c’est de parler des faits précédents à la responsable du développement durable (et donc de l’écologie) suédoise, qui en voyant les photos des usines, et en écoutant les faits des ouvrières a osé dire « on verra ça plus tard », fin 2014. Et la sécurité? Et les conditions de travail? C’est pas merveilleux ça?

En clair, oui H&M je pourrais pas vous dire maintenant que j’y mettrais plus les pieds, parce qu’évidemment, pour m’acheter un basique à 4 euros, si je le trouve pas si bien taillée ailleurs, ne soyons pas naïfs, j’y retournerais, mais toujours est il que c’est important de voir, et de montrer, et de parler des travers de la mode, et de ces grandes enseignes à fric, qui font juste semblant de respecter des engagements écologiques et sociaux, alors qu’il n’en est rien. Le greenwashing de la mode, donc?

NB* : Pour ce qui est de la collection Conscious lancée par H&M, certes en soi, je trouve ça génial d’avoir lancé le concept, dans l’idée d’améliorer de prêter autant attention aux gens et leurs besoins, qu’à la sauvegarde de leur planète. Mais avec les faits évoqués au dessus, je dirais que c’est plus un coup de pub, qu’une véritable remise en question et volonté (…)

 Less is more?

La fast fashion ruine la mode éthique/écologique. La question est : qu’est ce qui est important pour moi aujourd’hui? En ai je vraiment besoin ou est ce simplement une lubie de fille capricieuse? Voilà les questions qu’il faut se poser. Et c’est sûr, que nous allons nous lasser de la fast fashion. Nos porte monnaie se réduisent, mais la société de consommation (bien que la société soit en crise) nous pousse toujours et perpétuellement dans les bras de ces géants fast fashion. Less is more. Quelques basiques, des pièces originales mais qu’on se voit porter pendant des années, n’est ce pas mieux qu’un placard surbondé et qui pourtant, la plupart des pièces ne sont pas portées. Bah voilà, la question est déjà réglée question cosmétiques ou j’achète très peu. Au lieu de cumuler 10 fonds de teint, je vide les existants, et après, je me sens clairement mieux. A bas les box du type Birchbox, parce qu’on cumule des tas de produits qui finissent dans des boites et qu’on retrouve dix mois plus tard quand on cherche un autre truc dont on avait besoin. Pour les fringues c’est pareil : des basiques, des robes simples portables avec toutes mes paires de chaussures, deux jeans, deux pantalons, bref, consommer mieux, consommer moins, consommer éthique. Et après tout, c’est pas parce que j’ai un blog que je dois pas pouvoir porter 10 fois le même jean dans mes looks hein?

L’impact écologique de la mode

Le voyage est très long pour un vêtement et l’impact est fort : environnement, conditions sociales et économiques peu respectées. L’emprunte économique oui, mais écologique : merci au transport et à la fabrication.

* Mauvais points : les fibres synthétiques. L’utilisation de pétrole ou de ressources non renouvelables, le coton et son utilisation controversée : pire fléau écologique : 10 % de pesticides et 25 % d’insecticides

* La fabrication requiert des métaux toxiques, des sulfures pour la teinte, du chlore. Que de jolies choses miam miam (ou pas)

* Le transport : une veste peut parcourir 40000 km. La veste provient des USA, enfin, tout du moins, elle y est vendue. Mais son duvet est hongrois, ses fibres italiennes, son polyester japonais, son assemblage réalisé en Chine.

* Utilisation : impact écologique. Si la fabrication représente un impact de 50% il en va de même pour l’utilisation.

 

 Je m’explique.
Porter son jean 6 fois au lieu de 3
Le laver à froid avec une machine moins polluante (classe A)
Le sécher à plat à l’air libre (donc pas de repassage)
= moins d’impact.

 

* Réduire son impact c’est aussi :

1. Ne pas jeter les vêtements que l’on ne met plus. Penser à échanger, troquer, louer, récupérer, réparer, créer (l’heure est au DIY, laissez place à votre imagination, faites comme moi, coupez vos vieux jeans et transformez les en short, ça vous éviter d’investir dans un Levi’s qui en plus bourre ses vêtements de produits toxiques, hé ouais)

2. Acheter local, made in France. Il existe des tas de marques qui utilisent des matières géniales, qui respectent l’environnement, et qui en plus, n’exploitent pas les ouvriers et ne les font pas travailler dans des conditions affreuses.

3. S’orienter vers un coton bio pour vos achats, ou vers des vêtements labilités (ecolabel, oeko lex, nordic ecolabel). Comme signalé au dessus, le coton = désastre environnemental. Evidemment, on peut aussi se méfier du coton bio, la qualification ne signifie pas non plus que le produit fini est composé à 100% de cette matière. Mais bon, partant de là, on fout plus rien et on s’habille plus. Et si c’était la solution : A POIL A POIL A POIL … je m’égare

 Le podium détox

Pour conclure, Greenpeace a fait un point sur cette campagne, avec un podium Leaders VS Greenwashers VS Loosers. Etat des lieux rapide? On remercie

1. Leaders : Benetton, Coop, Esprit, GStar, Levi’s, Mango (ce qui ne signifie pas qu’ils ont supprimé TOUT impact écologique, mais disons qu’ils respectent de mieux en mieux les règles environnementales et les directives du projet Greenpeace détox, avec des meilleures conditions, des meilleurs méthodes de fabrications etc)

2. Greenwashers : Adidas, Nike

3. Loosers : Diesel, Best seller, GAP, Gorgio Armani

En clair, pour être sûr d’utiliser éthique, mieux vaut se tourner vers des labels écologiques et des marques dites bio. Avé Ekyog, qui pour l’instant, est la marque qui m’a le plus convaincu (bisous bisous au créateur)

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Je ne suis pas irréprochable. VADE RETRO SATANAS, il m’arrive d’utiliser des produits cosmétiques clairement pas safe et non je ne porte pas que du coton bio ou je n’achète pas que local (là encore le problème du porte monnaie etc) MAIS je prends conscience des choses depuis longtemps, en m’informant, en me renseignant de manière précise sur les choses, qui sont pas jolies jolies, et je fais des efforts, dans le but d’améliorer ma consommation de manière générale. « Nobody’s perfect » ! Oui je m’intéresse à l’écologie mais non je ne suis pas parfaite. Contrairement à Bea Johnson (alias la célèbre blogueuse ET écrivain{e?} du Zéro déchet) qui elle, est clairement proche de la perfection dans le respect du zéro déchet (le papier toilette fait toujours parti de sa vie quotidienne, dur dur de s’en séparer hein? ^_^). Le problème avec moi, c’est que je suis du genre à devenir complètement gaga devant un beau collier, mourir d’amour devant une paire de chaussures en cuir et fondre devant un pull. La compulsive de base qui peut pas s’empêcher d’acheter. Je me souviens encore de ma première vraie paye quand je bossais au MacDo, je vous raconte pas le scandale. Je portais tellement de sachets que ma mère s’était demandé si j’avais gagné au loto. Et du coup, c’est vrai que je trouvais ça idiot, en y repensant, toutes ces tunes « foutues en l’air » pour des vêtements que finalement, je porte si peu.

Et puis, c’est en faisant le tri quand j’ai déménagé il y a deux ans que j’ai réalisé le problème. J’ai 5 gros sachets de fringues que je mets PLUS DU TOUT. Et que finalement, je n’ai jamais porté plus de deux fois. C’est tellement affreux je trouve, que du coup, j’ai remis en question ma consommation. « Il est temps d’acheter ce dont tu as VRAIMENT besoin »

Du coup, mes achats sont tous réfléchis. Achètes tu ce truc parce que tu en as besoin, et que  surtout, tu ne l’as pas en déjà 5 exemplaires dans ton armoire alors qu’ils font partis de la catégorie : t’es trop mignon mais non j’t’aime pas finalement. C’est mieux pour économiser, c’est mieux pour la planète, et c’est mieux pour moi.

Le côté pénible de la chose? C’est toujours chiant de changer ses habitudes. Enfin, par le mot chiant je dirais, contraignant plutôt. Mais remarque les deux vont ensemble. Et puis, j’aime la mode, c’est dur de s’en détacher, d’autant plus depuis que j’ai ce blog. Je n’en vis pas, mais je trouve ça important d’être présente ici, et puis, vous me le rendez tellement bien, qu’effectivement, je ne veux pas abandonner. Cela dit, je me suis mise à penser que ce n’était pas un problème que vous voyez un jean 4 fois sur le même blog, avec les mêmes hauts, si les photos changeaient et si les looks pouvaient être accessoirisés différemment finalement. Tout est toujours possible.

Bientôt, je réouvrirais et mettrais à jour mon vide dressing d’ailleurs, peut être que ça en intéressera certaines, sinon, n’oubliez pas Emmaus pour ce que vous n’arrivez pas à vendre, en dehors de faire plaisir à votre dressing et de le laisser souffler, vous verrez vous vous sentirez utile.

 Trust what you wear <3

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