Les petites histoires ….

On vit des moments difficiles en ce moment, ça fait des années, siècles, millénaires que le monde souffre, par des guerres, des attentats, des horreurs, partout, tout le temps, ça ne s’arrête pas, parfois c’est plus violent que d’autres, et en France, on se croyait peut être invincible mais ces attentats des dernières années nous ont prouvé que NON, nous n’étions pas à l’abri, et même si on s’y attendait pas du tout parce qu’on vit un peu dans notre bulle de bonheur (avec problèmes hein, évidemment), ça nous a boulversé à tout jamais.

Et dans ces ondes de désespoir, de malheur, de tristesse, j’avais envie pour cette année 2017 de diffuser des messages, des messages forts, qui peuvent toucher chacun d’entre nous, qui pourraient vous faire vous reconnaître dans des situations, parfois énormément, parfois moins, mais surtout, j’avais envie de diffuser l’espoir !

Chaque personne interrogée va nous partager une expérience, parfois compliquée, tellement compliquée qu’en récoltant les témoignages j’ai chialé comme jamais je n’aurais pensé en pleurer, parce que je ne m’attendais pas à ce que certains se livrent autant, à coeur ouvert, en toute intimité mais avec beaucoup de douceur, de justesse, et avec une force incroyable.

Ce seront les mots de mes invités, leurs sentiments, mais réécris avec mes mots, car certaines histoires trop lourdes n’ont connu que quelques lignes de discussion, et j’ai essayé de retranscrire au mieux, comme je l’ai ressenti.

J’espère que cette catégorie vous plaira, qu’elle vous permettra de vous évader parmi les histoires de mes ami(e)s, rencontres, collègues, proches, et qu’elle vous sera bénéfique, car le but c’est juste de diffuser beaucoup, BEAUCOUP d’espoir (et de l’amour aussi) ! ♥

Je vais commencer avec une histoire et pas des moindres, d’une jeune femme que j’affectionne, par sa franchise, sa douceur, sa simplicité. Elle et moi on ne s’est jamais vues en vrai, à mon plus grand désespoir, et pourtant j’ai le sentiment de la connaître depuis toujours. Je l’ai connu sur Instagram, et évidemment, ce n’est pas à travers mon écran que j’aurais pu être susceptible de connaître sa vie, elle a décidé de choisir mon espace pour se confier sur son expérience, alors je vous laisse avec cette histoire, c’est parti !

Je l’appellerais M; parce qu’elle veut être anonyme, et que je me dois de respecter ça. Tu sais quoi, M. elle a vécu l’horreur, car sincèrement, je crois que ce terme est approprié, et encore, pas suffisamment à mon sens, et je vous laisse avec elle pour un moment de grande tristesse et bien plus encore !

Papa

« J’ai 29 ans aujourd’hui, tu es parti j’en avais 12.

Tu n’es pas parti parce que tu es malade, tu n’es pas parti de la maison abandonnant maman et nous, tes enfants, tu es parti car tu n’étais pas heureux. Et oui, tu as fais le choix, toi même, car tu ne t’aimais sûrement pas, tu ne trouvais plus de sens à ta vie, dans aucun domaine, de t’en aller, mettre fin à tes jours pour le dire joliment, te suicider pour le dire un peu brutalement. Et puis nous, on l’a ressenti à la brutale, alors, pourquoi le dire joliment au final?

Ca fait donc 17 ans que je vis sans père, sans repère masculin autour de moi, enfin, si, mon frère, mais tu te doutes bien que ce n’est absolument pas pareil.

Tu n’as laissé aucune lettre, pour justifier ton acte, et nous expliquer, tu as cassé ta télévision, peut être était-ce un symbole? Symbole de quoi, je ne saurais le dire, un symbole juste.

C’était ton signe d’adieu, le seul que tu as laissé pour nous dire au revoir.

Le plus triste c’est qu’on te connaissait ainsi, dépressif comme ils disent les professionnels psychologues / psychiatres. Maman, bah elle savait que tu partirais comme ça, et …. même en le sachant, nous n’avons pas su/pu l’éviter.

Maman et toi vous ne vous aimiez plus, aimiez plus d’amour du moins, vous étiez divorcés mais toi tu étais là pour nous, pour maman, et inversement, vous étiez en bon terme et je crois qu’au final, c’est le plus beau des cadeaux que l’on puisse faire à ses enfants quand une nouvelle dure telle que le divorce s’abat sur un foyer. Ca permet l’apaisement, et d’avancer sans avoir trop de douleur.

C’était chouette de voir qu’elle pouvait être là pour toi à tout moment papa, je me souviens, un matin, elle s’est levée, et puis elle nous a prévenu que tu allais mal, qu’elle le ressentait, c’est dingue comme les gens qui se connaissent si bien, après avoir vécu des années ensemble, peuvent ressentir le malheur de l’autre, sans un mot, juste … par le coeur, l’esprit … comme de la télépathie !

Elle est donc venue te voir, parce qu’une maman ça tient toujours ses promesses hein, et elle est revenue, bien trop tard pour que ce soit normal, pour nous annoncer cette horreur.

T’imagines bien que je ne peux pas l’appeler autrement.

Quel impact ça aurait sur ma vie? La nôtre à mon frère et moi-même? Qu’est ce que je vais devenir? Qu’est ce que je vais faire quand je pourrais pas en parler à maman, et que j’aurais voulu ton avis à toi, bizarrement, rien qu’à toi? Tant de questions, évidemment sans réponse.

Le truc le plus étonnant de cette histoire, c’est le souvenir du lendemain. Je suis retournée à l’école comme si de rien n’était. Sans rien dire à personne. Est ce que j’étais sans coeur? Est ce que je réalisais vraiment? Est ce que j’imaginais à une mauvaise blague de la vie? Tant de questions, évidemment sans réponse.

Je crois que je n’avais pas réalisé, c’est pour ça que mes premières réactions étaient étranges. Mais, puisque la vie est bizarrement faite, et surtout que chacun réagit différemment à la douleur, j’ai connu la bonne baffe en plein dans la gueule il y a quelques mois. La brutalité qui fait que toi aussi, tu veux rejoindre ton père et faire la même connerie.

Bon, je sais pas si le mot connerie est approprié, après tout, mais, j’ai essayé, et j’ai été suivi par une psy, juste après. Le genre de personne qu’on te conseille d’aller voir tout le temps, mais que tu n’oses pas parce que l’on te fait (souvent) croire que c’est pour les fous. Alors que ça libère le coeur. Et, je le dis, cette femme m’a sauvé. Et bien oui, regardez, je suis encore là aujourd’hui, à raconter mon histoire.

Tu m’imagines, à 29 ans, tenter de disparaître de ce monde, parce que je n’avais pas réalisé que je ne vivrais plus sans père, mais forcément, quelle idiote, au bout d’un moment ça te revient en pleine face.

On ne peut pas vivre sans père, on survit juste. Un seul parent, pas d’équilibre. Evidemment que j’aime maman, c’est elle qui sèche mes larmes, c’est elle qui supporte mes colères. C’est elle qui doit assumer quand parfois j’ai besoin d’argent. Elle est le père et la mère à la fois. Elle est mon équilibre un peu bancal, mais il me manque, tout le temps … tout le temps … tout le temps.

Et si parmi l’horreur il y avait un message d’espoir, comme une envie de diffuser une chose à laquelle les autres, qui ont toujours leur papa et leur maman, ne penseraient peut être jamais?

Evidemment, il y en a un : vos proches sont précieux, aimez les sincèrement, entièrement, comme je le fais d’autant plus depuis qu’il est parti. Dites leur, vraiment, car s’ils partent, ou que je pars, je voudrais qu’ils sachent que je les ai aimé de tout mon coeur.

Et peut être que si on avait pris le temps de se le dire, ça aurait changé les choses.

Mais, malgré son malheur, il aimait des choses, la musique, il en écoutait, on en écoutait, il nous l’a dit à travers des chansons, c’est peut être déjà ça

Car, avec des si, on pourrait refaire le monde, alors, pensons à tous ces messages indirects, qui veulent pourtant tant dire  (…) »

 

M.

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