Bienvenue dans l’article numéro 2 de la catégorie »Mode éthique« .

L’idée de cette « catégorie » c’est de mettre en avant une marque éthique & responsable qui a eu la gentillesse de répondre à mes questions, afin de vous montrer en toute transparence les dessous de sa marque. Car entre se dire éthique et l’être, il y a parfois un monde, et les marques que j’aime vont vous prouver en toute transparence leur démarche.

Après Carrousel Clothing, je m’attaque à la marque Wilo, que j’ai connu pour ses sacs, mais qui désormais propose des baskets VEGANES & sans plastique.

Dire adieu au cuir dans les sacs est ce dire adieu à la qualité?

Plus jeune, les sacs à main c’était, au même titre que les baskets, une des raisons pour lesquelles je pouvais dépenser mon salaire tout entier. Heureusement, j’ai fais ça un an (un an de trop, certes), et un jour on m’a offert le sac de mes rêves, celui qui m’a fait tout oublier. Un Dreyfus Billy M noir offert pour mes 25 ans, il y a plus de 5 ans maintenant.

C’était clairement un cadeau magique, qui m’a fait oublier tous mes autres sacs de basse qualité par ailleurs. Et au delà de sa valeur matérielle, j’ai trouvé que le plus beau de ce sac c’était véritablement sa valeur sentimentale car chacun avait mis son petit billet pour me faire plaisir! Et du coup, il a une valeur folle à mes yeux.

Entre temps, je suis devenue vegane, et, je ne parviens plus à le porter sans culpabiliser, alors que pourtant, il a toujours existé. Mais je ne peux plus contribuer à l’industrie du cuir et à la souffrance animale que ça apporte.

Alors, la maroquinerie vegane doit apparaître dans ma vie, et c’est le cas depuis que je me suis offert le merveilleux sac à dos Wilo, pour accompagner tous mes périples et voyages au bout du monde. Découverte sur Instagram, j’ai eu avant tout un vrai coup de coeur pour l’univers et la poésie de la marque, et depuis que j’ai fais l’acquisition de ce sac, je me suis dis qu’il fallait qu’on fasse les présentations. Et je remercie évidemment Wilo (Merci David!) d’avoir répondu à toutes mes questions.

  • Qui est  Wilo, comment est-elle née, raconte nous en quelques mots ?

Wilo est une marque de baskets végétale française et de maroquinerie sans produits animaux. Elle est née en 2018 de l’envie de proposer une mode radicalement plus durable. 

  • Dans quels pays fabriquez-vous et pourquoi ?

Nous avons d’abord commencé à fabriquer au Portugal pour la maroquinerie sans produits animaux. C’est là-bas que le meilleurs compromis prix, qualité et éthique se trouvait par rapport à notre projet. 

Mais c’est en France que la basket végétale Wilo est fabriquée, de la semelle jusqu’à l’assemblage finale, en passant par les lacets. 

Pour donner vie à ce projet unique, l’approche a été plus artisanale. L’idée était de faire une basket à l’empreinte écologique la plus minimale possible, sans produits animaux bien sûr mais aussi sans plastique, du fait que la basket est aujourd’hui un produit d’usure qui contribue à relâcher des microparticules de plastique en masse dans l’environnement. 

Faire une basket végétale était un défi, car aujourd’hui toutes les semelles en caoutchouc sont faites avec du pétrole (et même quand c’est à base de ou à partir de caoutchouc naturel, le naturel est toujours en quantité minime). 

C’est en France que nous avons trouvé la solution, en Isère dans un atelier labellisé entreprise du patrimoine vivant, et qui moule et fabrique encore des semelles à la main, ici en lait d’hévéa. 

  • Quelles garanties sociales et environnementales avez-vous pour les ateliers qui fabriquent vos accessoires / chaussures (salaire vital notamment) ?

Premièrement, nous fabriquons en France et au Portugal, dans des pays avec une véritable protection des salariés. Mais surtout, nous sommes régulièrement en atelier, et rencontrons les personnes qui fabriquent nos produits. 

Concernant l’aspect environnemental, une grosse partie du travail est dans le choix des matériaux, qui représente près de deux-tiers de l’empreinte carbone d’un produit. Enlever les matériaux dérivés des animaux, et en plus d’empêcher des souffrances inutiles vous diminuez drastiquement votre empreinte écologique. Ensuite, supprimez les produits dérivés du pétrole, notamment pour les produits d’usure comme les chaussures, votre impact devient incomparable comparé à un produit en plastique fabriqué en Asie par exemple. 

  • Comment sont fixés vos prix et marges ? Vous différenciez-vous des marques conventionnelles sur ce point ?

Nos prix sont fixés à partir de nos coûts de revient, auquel nous appliquons notre marge uniquement, sans marge distributeur. On est sur un modèle de vente en direct. Ce modèle est désormais le modèle standard des petites et moyennes marques de mode éthique, ce qui le distingue des marques conventionnelles fonctionnant avec un cumul de marges pour intégrer les revendeurs. 

  • Que répondez-vous aux personnes qui trouvent vos tarifs trop élevés, comment cela se justifie ?

Nos produits sont incomparables d’un point de vue éthique et environnemental. Nous fabriquons localement, avec des matières végétales de qualité labellisée. 

Notre projet de basket végétal est d’ailleurs très exclusif. Qui aujourd’hui porte des baskets sans produits animaux, sans plastique, et fabriquées en France ? Réponse : personne. Notre économie repose tellement sur la rente du pétrole et de l’exploitation de pays étrangers moins développés et d’animaux, que porter des baskets  à base de plastique et fabriquées à l’étranger, est tout simplement devenu la norme. 

Le prix de Wilo est dans notre monde actuel celui du prix écologique, éthique et responsable.  

  • Utilisez vous uniquement des matières écologiques (coton bio, chanvre etc) et comment choisissez-vous vos matières écologiques ?

Pour arbitrer entre les matières, nous avons calculé leur empreinte carbone sur l’ensemble de leur cycle de vie, de l’extraction jusqu’à leur usage. Une fois l’empreinte écologique calculée, le choix se fait en fonction des qualités techniques, esthétiques et économiques.      

Pour les matières végétales, comme pour la basket végétale Wilo, nous utilisons des matières écologiques comme le coton biologique, dont l’empreinte écologique est très proche du chanvre ou du lin. Du lait d’hévéa bien sûr aussi, pour la semelle, ainsi que du liège. 

Concernant la maroquinerie sans produits animaux Wilo, nous utilisons du coton biologique pour l’intérieur. Concernant l’extérieur, nous n’avons pas trouvé d’autre alternative pour remplacer le cuir qu’une résine de polyuréthane (ou PU). L’empreinte est environ trois à cinq fois inférieure à du cuir, ce n’est pas idéal mais c’est bien mieux d’un point de vue environnemental, sans compter l’aspect éthique et la diminution de la pression atroce aujourd’hui exercée sur des centaines de millions d’animaux chaque jour.  

  • En terme de stock, à hauteur de combien de pièces par produit produisez-vous? Pourquoi ce choix?

Cela est très variable, de quelques dizaines à quelques centaines selon les modèles. Idéalement, pour des raisons de coûts et de responsabilité écologique, il faudrait parvenir à conserver ce modèle avec peu de stocks.  

  • Quelles sont les difficultés que l’on peut rencontrer quand on est une marque éthique et auxquelles nous ne sommes pas forcément confrontés quand on est une enseigne de fast fashion?

Quand on est une marque de mode éthique on est d’abord confronté à la difficulté … de l’éthique. 

L’éthique impose de la responsabilité. La responsabilité implique de penser global ;  c’est à dire penser ses produits et la marque dans tous ses liens avec les autres, et la planète.

Or, notre système économique marche à l’antithèse de cela, puisqu’il tend à hyperspécialiser les tâches pour augmenter les profits, être compétitif face à la concurrence mondialisée et survivre. 

Résoudre l’équation économique et éthique est donc un gros challenge pour quiconque se lance dans la mode avec de véritables considérations pour sa conscience, ce qui reste encore rare. 

Contrairement à ce que nous laissent penser les publicités des grandes marques en faveur de leur engagement écologique, les faits montrent que derrière les beaux discours rien ne change vraiment, et même que les choses empirent. Le pétrole est devenue la première matière de la mode au début des années 2000, et les prévisions de croissances annoncées des fibres textiles dérivées sont désastreuses. 

En tant que marque éthique, il faut faire face à la concurrence de ce greenwashing généralisé.

  • Quels sont les clés d’amélioration à adopter par Wilo pour devenir encore plus durable et responsable ?

Les ambitions de Wilo restent modestes.  Les produits que nous proposons, notamment la basket végétale française, n’ont pas vocation à être fabriqué en grande quantité, mais juste à atteindre le seuil de rentabilité avec un prix acceptable, puis à diffuser le modèle économique auprès d’autres entrepreneurs. L’idée est de multiplier les petites marques plutôt que d’en créer une grande. Le but est de donner assez d’ouvrage à des ateliers qualitatifs, écologiques et durables afin de maintenir les savoir-faire, notamment locaux.  Aujourd’hui, la clé d’amélioration principale réside donc davantage dans la capacité à pérenniser et transmettre le modèle, qu’à le changer. 

Mon avis sur Wilo?

J’ai ce sac depuis bientôt 2 ans, il m’a suivi dans tous mes voyages, il a supporté le poids de mon mac, de mes appareils, de ma vie finalement, et je suis hyper convaincue en bien des points.

  • La qualité, évidemment, qui est vraiment incomparable à un sac de fast fashion qui part en lambeau pour moins de poids que ça
  • L’efficacité : le poids du sac ne se ressent pas sur le dos, le dossier est rembourré suffisamment pour que, même avec tout un tas de choses à l’intérieur dont un ordi lourd et du matériel photo, le poids se diffuse sur l’ensemble du dos et tu n’as pas mal, même en marchant des kilomètres

Je pense vraiment que c’est un sac qui me suivra très très longtemps, alors oui, 180 euros c’est un budget (mais finalement très peu quand on se dit qu’en 1 an certaines personnes vont dépenser ce tarif pour plusieurs sacs, mais qui ne tiendront pas un an….)

C’est dans ce sens que le fondateur, par la transparence de ses réponses, invite le consommateur à se poser les bonnes questions lors d’un achat. Achetons MOINS mais mieux, on en revient toujours au même finalement et c’est possible ;)

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